Monaco fait son cinéma
#59 - Janvier / Mars 2019 - Patrimoine

Monaco fait son cinéma

Entre rêve et prestige, la Principauté de Monaco n’a cessé d’inspirer les cinéastes du monde entier. Dès 1905, le célèbre illusionniste Georges Méliès inaugure la thématique au travers de sa facétieuse comédie Le Raid Paris-Monte-Carlo en deux heures. Depuis, nombreux sont les scénaristes et réalisateurs qui ont écrit ensemble l’histoire légendaire de Monaco et du cinéma. Silence, ça tourne ! 

Monaco, d’Universal Studios aux grands studios anglais

Au début du XXe siècle, les cinéastes étrangers découvrent la Côte d’Azur et Monaco. Il ne sera pas toujours possible, pour certaines équipes de tournage, de s’y déplacer. Les réalisateurs rivalisent alors d’ingéniosité pour transformer les studios en véritables scènes ouvertes sur la Méditerranée… Le fabuleux et très réaliste décor de Folie de Femmes, grand classique du cinéma muet américain d’Erich Von Stroheim, a pour toile de fond le Casino de Monte-Carlo… reconstitué de toutes pièces dans les célèbres Universal Studios à Los Angeles ! Plus d’un million de dollars a été nécessaire à la réalisation du film dont un tiers dédié à cette incroyable reconstitution, une prouesse pour l’époque car nous sommes en 1922. 

Près de vingt ans plus tard, une autre pièce maîtresse du cinéma, tournée en grande partie dans  les studios anglais Pinewoods, place une nouvelle fois Monaco en haut de l’affiche. En 1948, « le plus beau film en technicolor », selon Martin Scorsese, sort sur grand écran. Aux couleurs éclatantes, Red Shoes, réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger, transporte le spectateur dans l’univers intime des ballets au cœur de l’Opéra de Monte-Carlo autour d’un subtil clin d’oeil à Diaghilev et aux Ballets Russes…

Le Casino et ses jeux, une inépuisable source d’inspiration 

Véritable lieu de fascination, le mythe Monte-Carlo inspire le cinéma et vice et versa ! Dans les années 50, la frénésie des jeux et le faste du Casino devient le leitmotiv des storyboards. De nombreux scénaristes comme Samuel A. Taylor avec The Monte-Carlo Story (1956) exploitent ce thème de prédilection. On y découvre Marlene Dietrich aux tables de jeux du Casino de Monte-Carlo en quête d’un beau parti… 

De Roman d’un tricheur à Bonne chance, le talentueux Sacha Guitry n’y fera pas non plus exception. Pendant près d’un demi-siècle, Sacha Guitry profite de nombreux « séjours enchanteurs » en Principauté. Fasciné par la beauté des bâtiments Belle Époque du quartier de Monte-Carlo, il y réalise de nombreux tournages. Ses films permettent aujourd’hui de retrouver l’esprit et le charme du Monaco d’antan qui s’anime en noir et blanc. Adhémar ou le jouet de la fatalité, dont le scénario a été spécialement écrit pour Fernandel, nous fait voyager au travers des rues d’époque où les lieux singuliers se découvrent au fil de la pellicule - le Jardin Exotique de Monaco ou encore l’ancienne gare resurgissent du passé l’instant d’une jolie balade cinématographique.

Monaco, terre de tournage

Les nombreux tournages qui se déroulèrent en Principauté, notamment avec l’attrait des studios de la Victorine à Nice qui célèbreront leur centenaire l’an prochain, permettant aux équipes de disposer d’un point de chute confortable, contribuèrent à faire de Monaco - et de son décor féérique, l’enfant chéri du cinéma. De nombreuses scènes de légende s’y tournent et certaines deviennent célèbres dès la bande-annonce comme celle de La Main au Collet d’Alfred Hitchcock… On y devine Monaco au temps d’un Rocher presque nu, peu construit mais toujours enchanteur. 

Le cinéma explore ce terrain de jeu fabuleux qu’offre la Principauté et invite les spectateurs dans les coulisses de lieux prestigieux. Le petit garçon de l’ascenseur (1962) de Pierre Granier-Deferre, conte les débuts laborieux dans le monde de l’hôtellerie du petit Jules qui devient liftier dans l’un des plus beaux palaces de la Principauté. Un majestueux hall Belle Epoque rehaussé d’une verrière spectaculaire, menant vers un grand escalier au velours carmin… Vous l’aurez certainement deviné… L’hôtel Hermitage s’explore avec émerveillement tout au long du film. Plus récemment L’Arnacœur réunissant Vanessa Paradis et Romain Duris pour un duo des plus déjantés plantait ses décors au Monte-Carlo Bay Hotel & Resort. De Grand Prix, auréolé de trois Oscars, à Iron Man 2, le fabuleux circuit de F1 et son tracé légendaire offriront aussi de belles occasions pour Monaco de se transformer à nouveau en un plateau de cinéma unique en son genre. 

Par essence propice à l’évasion et au rêve, il n’est pas étonnant que le 7e art se soit aussi délicieusement laissé porter par le cadre idyllique de Monaco. Leur mariage a laissé des chefs d’œuvre intemporels de James Bond, Jamais plus jamais à GoldenEye, en passant par des grands classiques du cinéma français comme La Baie des Anges de Jacques Demy. La jeune Jeanne Moreau y apparaîtra pour la première et unique fois de sa carrière avec une coiffure d’un blond incandescent rappelant une certaine Marilyn. Émerveillée par la vue depuis la suite de l’Hôtel de Paris, elle lâchera un inoubliable « c’est magnifique »… 

Redécouvrir le cinéma… autrement ! 

Le cinéma d’antan ne se vit pas seulement sur grand écran… Le Fonds Patrimonial conserve des trésors : affiches et impressionnantes collections de lobby-cards présentées dans ce numéro. Vous pouvez vous aussi, si vous en possédez, en faire don à la Mairie de Monaco.

Les lobby-cards

Une grande partie des visuels illustrant cet article sont des lobby-cards. Les lobby cards sont des photos d’exploitation qui servaient pour la promotion du film dont plusieurs scènes phares étaient ainsi représentées. Elles étaient affichées à l’entrée du cinéma souvent à côté du synopsis. 

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