Les Sites historiques Grimaldi de Monaco Histoire d’un destin croisé entre la Principauté, la France et l’Italie
#56 - Avril / Juin 2018 - Patrimoine

Les Sites historiques Grimaldi de Monaco Histoire d’un destin croisé entre la Principauté, la France et l’Italie

Les 23 et 24 juin prochains, la place du Palais accueillera la première Rencontre des Sites historiques Grimaldi de Monaco autour de trois invités : le marquisat des Baux, le comté de Carladès et Menton. Un moment privilégié pour redécouvrir ces moments d’histoire partagés.

Les sites historiques content une histoire, celle de la dynastie des Grimaldi. Ces lieux, anciens fiefs des princes de Monaco, conservent sur leurs terres des traces patrimoniales. Ils évoquent un passé souvent méconnu, parfois oublié, de la Principauté. Pourtant, pendant des siècles, ces territoires ont partagé leur destin. Les Grimaldi ont possédé près d’une centaine de sites dans la péninsule italienne, puis dans le royaume de France jusqu’à la Révolution française.

La Principauté et les trois premiers sites invités

Si dès le XIVe siècle, la cité de Menton a été acquise de façon directe par les Grimaldi, c’est par un jeu d’alliance que les Grimaldi sont destinataires du marquisat des Baux et du comté de Carladès. En 1641, le traité de Péronne fait définitivement basculer Monaco d’un protectorat espagnol devenu contraignant à une protection française plus bienveillante.

Marquisat des Baux, terre des princes héréditaires

Désormais placés sous la protection des armées de Louis XIII, les Grimaldi reçoivent des terres en dédommagement de la confiscation de leurs fiefs italiens par l’Espagne. Situé en plein cœur des Alpilles, le marquisat des Baux est érigé, en 1642, au profit d’Hercule Grimaldi, fils du Prince Honoré II. Le titre est aujourd’hui porté par le Prince Héréditaire Jacques.

Comté de Carladès, d’un rocher à l’autre 

Autre lieu, autre rocher. Dans le centre du Massif Central, en plein cœur de l’Auvergne, le Carladès porte toujours le souvenir de 150 ans d’administration des Grimaldi. Érigé en comté en 1643, également en application du traité de Péronne, le rocher de Carlat était une place forte des terres occitanes. Le premier à porter le titre de comte de Carladès est le futur Prince Louis Ier, alors deuxième dans la ligne de succession. C’est pour cette raison historique que la Princesse Gabriella est liée à cet ancien fief. Le Souverain est toujours propriétaire du Rocher de Carlat, ancienne forteresse, qui jadis accueillit la Reine Margot, l’épouse répudiée d’Henri IV ! 

Menton, cité historique des Grimaldi

La particularité de Menton ? C’est une ancienne seigneurie domaniale ! Appartenant à la famille génoise des Vento, la ville est achetée pour 16 000 florins par Charles Grimaldi en 1346. Les Grimaldi ont été seigneurs de Menton pendant près de cinq siècles, jusqu’en 1848, moment où le Printemps des Peuples sépare le destin des deux villes voisines. De l’antique citadelle au palais de Carnolès, en passant par la petite église de Monti, les pierres de la vieille ville portent toujours les empreintes de cette souveraineté. C’est notamment Honoré II qui s’emploiera à façonner la cité par d’impressionnants travaux d’urbanisme et d’architecture. Aujourd’hui à l’entrée de la ville, la première plaque signalétique « Site historique Grimaldi de Monaco», récemment apposée, rappelle à chacun cette appartenance, jadis de droit et aujourd’hui de cœur.

3 questions à Thomas Fouilleron, directeur des Archives du Palais Princier

Le marquisat des Baux, le comté de Carladès et la ville de Menton ouvriront cette année les festivités. Pourquoi ces trois lieux ? 

Cette première rencontre met en l’honneur les territoires dont les titres sont liés au Prince Héréditaire Jacques et à la Princesse Gabriella, respectivement marquis des Baux et comtesse de Carladès. Du fait de la proximité géographique, mais également des forts liens qui l’unissent à la Principauté, la ville de Menton semblait l’invitée incontournable de ces premières rencontres. Cette dernière œuvre d’ailleurs beaucoup à promouvoir et à valoriser ces anciens fiefs, notamment au travers de l’Association « Sites historiques Grimaldi de Monaco », créée en 2015 par son maire, Jean-Claude Guibal. 

Comment se sont maintenus, au fil du temps, les liens avec ces régions ? 

De façon très variée. Les princes et princesses de Monaco ont toujours eu beaucoup de plaisir à visiter ces régions et à découvrir les vestiges qui peuvent y être conservés. En 1982, lors d’une visite aux côtés de la Princesse Grace, S.A.S. le Prince Albert II, à l’époque marquis des Baux, avait reçu les clefs de la ville. C’est toujours une curiosité de découvrir les armoiries des Grimaldi et des familles alliées en plein cœur de l’Auvergne, de l’Alsace, de la Normandie ou de la Provence.

Quels sont aujourd’hui les principaux vestiges de ce passé commun ?

Aux Baux-de-Provence, plusieurs monuments du village conservent les marques de cet héritage du passé. Les superbes vitraux de l’église Saint-Vincent, par Max Ingrand, offerts par le Prince Rainier III en 1960 commémorent le lien entre les deux rochers. Les armoiries des Grimaldi, martelées à la Révolution, sont encore visibles sur la Porte d’Eyguières. Dans le Carladès, il est très amusant de découvrir, à Vic-sur-Cère, un hôtel particulier portant encore le nom de « Maison des Princes de Monaco ». Le pavillon princier flotte sur le rocher de Carlat. Quant à Menton, il y a presque plus de vestiges anciens des princes de Monaco qu’en Principauté, du fait du nécessaire renouvellement de l’urbanisme monégasque. Le Souverain attache une grande importance à la conservation et à la mise en valeur de ce patrimoine historique au cœur de ces anciens fiefs. 

Pour découvrir l’histoire des Grimaldi : www.annales-monegasques.mc

PROGRAMME

En marge des festivités de la Saint-Jean les 23 et 24 juin prochains, se déroulera, Place du Palais, la première Rencontre des Sites historiques Grimaldi de Monaco, en accès libre et gratuit dans une zone sécurisée. Au programme : spectacles de marionnettes, lectures de contes, démonstrations de combats anciens, danses folkloriques, découverte des régions invitées et, pour clôturer la première journée, un fabuleux spectacle nocturne.

Des contes aux combats médiévaux 

Pour le plus grand bonheur des petites têtes blondes et de leurs familles, de nombreuses animations ponctueront ces deux journées de découverte ! Un spectacle de marionnettes contera, de manière amusante, l’histoire de ces trois régions et leurs liens avec la Principauté. De véritables combats médiévaux de béhourd épateront les jeunes chevaliers en herbe qui prendront un grand plaisir à admirer les joutes d’épées d’antan. Courses en sac, jeux de piste, jeux de massacre et nombreux ateliers créatifs seront également au rendez-vous. Une manière ludique et amusante de découvrir l’histoire de ces anciens fiefs. 

À la découverte des traditions, de l’artisanat et du patrimoine 

Ce fascinant voyage à travers le temps est aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir les spécialités locales et la diversité culturelle de ces régions. Au fil d’une promenade le long des chalets installés pour l’occasion, le public pourra apprécier les mets locaux, spécialités artisanales et culturelles du comté de Carladès, de la ville de Menton ou des Baux-de-Provence. De nombreux ateliers proposés par les fiefs invités permettront de percer les secrets de ces régions et de faire vivre leurs traditions et leur folklore le temps d’un week-end. 

Un spectacle son et lumière (à partir de 22h)

À la nuit tombée, pour la première fois de son histoire, la façade du Palais se transformera en une toile de maître pour offrir un fabuleux spectacle « son et lumière » spécialement orchestré pour l’occasion. Au travers d’un mapping des plus étonnants, l’histoire des Grimaldi s’animera sous les yeux émerveillés de nombreux spectateurs venus découvrir en avant-première cette animation nocturne. Certainement l’un des grands moments de ces festivités ! 

Retrouvez l’intégralité du programme sur le site www.monacointerexpo.mc

3 questions à Albert Croesi, directeur de Monaco Inter Expo

Comment est née l’idée de créer cet événement en Principauté ? 

Depuis une invitation à Saint-Lô, en Normandie, en 2011, le Souverain visite chaque année d’anciens fiefs et entretient des liens étroits avec eux. Très vite, l’idée de créer une rencontre autour de cette histoire commune a fait son chemin. Le but étant de présenter au grand public l’aspect historique d’une manière pédagogique, culturelle et patrimoniale. Depuis octobre 2017, nous préparons cette première Rencontre qui, je l’espère, marquera le début d’une belle aventure. 

Comment se prépare cette première Rencontre ?

C’est une grande aventure humaine dans laquelle de nombreux acteurs s’investissent et œuvrent chaque jour depuis plusieurs mois pour sa réussite. L’Association « Sites historiques Grimaldi de Monaco », présidée par Jean-Claude Guibal, est une aide précieuse pour l’établissement des contacts avec les sites français et italiens. Au niveau local, l’étroite collaboration de Monaco Inter Expo aux côtés du Palais Princier, du Gouvernement et de la Mairie de Monaco permet aujourd’hui de préparer cette rencontre dans les meilleures conditions possibles. La Mairie de Monaco a notamment mis à disposition les chalets et son personnel municipal pour la réussite de ces journées. 

Événement éphémère ou tradition de la Saint-Jean ? 

Cet événement a effectivement vocation à se perpétuer dans le futur et s’inscrire dans les festivités de cette période. Ces rencontres auront lieu tous les ans, le premier week-end après la fête de la Saint-Jean. Les fiefs invités seront généralement ceux visités l’année précédente. Pour 2019, je peux déjà vous dévoiler l’un des invités : Matignon, dont l’Ambassadeur de France à Monaco est originaire, et qui aura certainement grand plaisir d’apprendre la nouvelle ! 

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