Sur ses airs cuivrés et souvent entrainants, la Musique Municipale rythme les grands événements de la vie civique, culturelle et religieuse en Principauté depuis presque 100 ans. Découverte.
La création de la Musique Municipale
La « Musique Municipale » est une institution. L’orchestre rattaché à la Mairieaccompagne les moments marquants de la vie de la ville. En Principauté, bien avant sa création officielle, de nombreuses sociétés musicales animent les festivités ou cérémonies du Rocher comme la Lyre Monégasque, le Saint Jean Club, l’Estudiantina, une société mandoliniste et guitariste, l’Accord Parfait ou la Musique d’Harmonie (Petit Monégasque, 1914). Avant la Première Guerre mondiale, le paysage musical est ainsi très varié. Ce n’est qu’à partir de 1914 que les premiers débats pour la création d’une institution officielle apparaissent sur les bancs du Conseil National récemment créé. Les élus nationaux, à cette époque proche de ceux du Conseil Communal évoquent la nécessité de créer « au plus tôt [La Musique Municipale] car elle est un complément nécessaire des fêtes et attractions de la Principauté » (Journal de Monaco, 1914). La Grande Guerre interrompra les débats. Il faudra attendre le début des années 20, pour que l’une des sociétés, la Musique d’Harmonie devienne l’Harmonie Municipale, puis Musique Municipale dirigée par son premier chef d’orchestre Alfred Argaing. Le recrutement de ses musiciens se fait à l’époque essentiellement dans les sociétés de musiques et à l’École de Musique Municipale (aujourd’hui Académie Rainier III) créée en 1922.
Un répertoire intarissable
Présidée par le Maire, la Musique Municipale est orchestrée par de grands directeurs qui enrichissent tour à tour son répertoire. Son premier chef d’orchestre Alfred Argaing marque ses premières années autour d’une variété de musiques mêlant thèmes et improvisations. L’orchestre itinérant fait varier les plus belles partitions du répertoire monégasque autour de Marc-César Scotto, Louis Ganne, Jules Massenet et Henri Crovetto. Ses musiciens interprètent également avec brio des pièces d’anthologie classiques passant par de grandes marches militaires et hymnes officiels de nombreux pays. Sur les pages jaunies du répertoire de 1930, précieusement conservé au Fonds Patrimonial, on y retrouve par exemple une variété de compositions comme le Carnaval de Venise signé Argaing qui se confronte aux plus belles fantaisies de Verdi ou d’Offenbach. À Alfred Argaing succèderont de grands noms de la musique monégasque, Messieurs Gautier, Detaille, Nardi, Devaux puis Duclos, Grosjean et Vaudano, qui sauront au fil des années, marquer de leurs baguettes les plus beaux moments de la Principauté en musique.
De grands moments d’histoire en musique
Parce qu’elle seule a le secret de rendre ces moments uniques, savoureux, solennels ou glorieux, c’est au son de sa fanfare que la Musique Municipale donne le ton aux temps forts du Pays. Présente pour les grandes cérémonies civiles, comme la commémoration de la Libération de Monaco ou jusque dans les années 80 la Fête Nationale, les festivités plus populaires s’animent aussi au son de sa musique : distributions de prix dans une cour d’école, célébrations dans le Hall du Centenaire, floralies, vernissages, expositions, concerts populaires ou à l’occasion d’un match de football, les événements se suivent mais ne se ressemblent pas ! Il en est cependant qui chaque année sont marqués d’une pierre blanche pour la Musique Municipale comme la Sainte Dévote, la Fête-Dieu, les cérémonies du Vendredi Saint avec la traditionnelle marche funèbre « Strivella »…
Participant activement à cette vie religieuse et folklorique, la Musique Municipale marquera de son empreinte sonore de grands moments d’histoire. En 1964, par exemple, elle accompagnera en musique les funérailles du Prince Pierre ou bien des années plus tard, célèbrera avec joie les 40 ans de règne du Prince Rainier III.
Dans les années 1980, un vent de liberté souffle sur la fanfare. Abandonnant leur traditionnel costume bleu marine, pour un rouge flamboyant, ses musiciens organisent de nombreux concerts. Tous les 15 jours, sillonnant chaque quartier de Monaco, la Musique Municipale interprète des tubes populaires les samedis et dimanches après-midi pour le plus grand bonheur de nombreux promeneurs. Effectuant alors son recrutement parmi le Conservatoire de Jazz, elle s’offre la liberté d’un répertoire plus contemporain.
Sainte-Cécile, patronne des musiciens
C’est le jour de leur Sainte Patronne que l’ensemble des sociétés musicales de la Principauté a coutume de se retrouver à la Cathédrale où la résonance si particulière de son chœur fait un écho sublime aux morceaux religieux qui y sont joués. De cette fête bien particulière pour la Musique Municipale, il y en a une qui restera à jamais gravée dans les mémoires de tous. Le 22 novembre 1958, en pleine exécution de son oeuvre pour la Sainte Cécile, le chef d’orchestre Bruno Nardi pousse un dernier soupir et tombe à terre. Une passion musicale qui l’anima jusqu’à son dernier jour !
Cette année encore, la Sainte Patronne des musiciens a été célébrée sur le Rocher réunissant les ensembles officiels de la Principauté : l’Orchestre des Carabiniers du Prince, U Cantin d’A Roca, la Maîtrise de la Cathédrale de Monaco et les Petits Chanteurs de Monaco, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et bien entendu la Musique Municipale sous la direction de Ludovic Tallarico qui s’évertue au fil des années à faire revivre en musique les traditions !
Cet article a été écrit en collaboration avec Dominique Bon, Responsable du Fonds Patrimonial et grâce au précieux témoignage de Charles Vaudano.