Le Jardin fait partie du patrimoine monégasque. Que nous dit ce lieu sur l’histoire de la Principauté ?
Je fais premièrement une relation étroite entre la création du Jardin Exotique de Monaco en 1933 et l’évolution de l’urbanisme et du développement scientifique en Principauté. Le Jardin Exotique met en avant un grand défi, celui de pouvoir construire sur un territoire en hauteur. Il répond donc à ce challenge urbanistique et c’est une réussite pour le Jardin car on le sait, nos plantes se sont épanouies en particulier grâce à cette configuration atypique du terrain à flanc de falaise. Concernant le développement scientifique, le Jardin a été créé selon le souhait du Prince Albert 1er qui voulait édifier un jardin consacré aux fascinantes plantes succulentes d’Augustin Gastaud, jardinier des Jardins Saint Martin. Aujourd’hui, toutes ces plantes succulentes en provenance de nombreux continents, d’Amérique, du Mexique, du Moyen-Orient, d’Afrique, illustrent la capacité de Monaco d’intégrer des influences extérieures et de les faire vivre dans son environnement singulier.
Rassemblant l’une des plus grandes collections de cactées et plantes succulentes au monde, le Jardin et le Centre Botanique sont aussi des références dans le monde botanique. Comment incarnent-ils ce rôle scientifique ?
Ces deux lieux emblématiques sont réputés à l’international pour leur compétence dans le domaine. Nous partageons et échangeons avec les centres botaniques du monde entier. Nous sommes également sollicités par des experts, des étudiants ou des industries pharmacologiques pour notre bibliothèque qui comprend plus de 3000 ouvrages de référence. Nos jardiniers font de la pollinisation contrôlée et nous avons constitué également un « index seminum », catalogue de graines, que nous partageons avec d’autres jardins botaniques.
Notre Directeur, Diane Ortolani est aussi régulièrement invitée pour donner des conférences sur des sujets spécialisés ou présenter notre établissement. Les trois précédents directeurs, Louis Vatrican, Marcel Kroenlein et Jean-Marie Solichon ont tous incarné cet engagement scientifique du Jardin. À titre d’exemple, je citerais, Louis Vatrican qui avait co fondé l’Association Internationale sur les Plantes Succulentes en 1950 ou encore le trophée dénommé Cactus d’or initié par Marcel Kroenlein.
Le Jardin Exotique est en pleine mutation. Comment imaginez-vous sa nouvelle vie et comment les Monégasques vont-ils pouvoir se l’approprier ?
J’ai véritablement le souhait de faire du Jardin Exotique un lieu vivant et de l’ancrer dans le quotidien des Monégasques et résidents. La première des choses est de susciter l’intérêt des scolaires qui participeront à des ateliers au sein du Jardin en partenariat avec la DENJS. Nous allons également proposer certains de ses espaces pour les mariages et les évènements privés, ou encore la nouvelle salle de la grotte pour les anniversaires d’enfants. Enfin, sous l’impulsion de Diane Ortolani, de nombreuses activités à destination des jeunes ont été initiées et seront relancées comme la chasse aux plantes, Halloween ou encore le Jardin Exotique en Fête. Les plus jeunes pourront également découvrir le lieu au travers d’une chasse aux trésors sous forme de jeu. D’autres projets sont également à l’étude comme une visite interactive.
Pour finir sur une question plus personnelle, vous êtes élu au Conseil Communal depuis 1991. Quelles ont été vos plus grandes satisfactions de réalisations ?
Pendant ces trente dernières années, je dirais que j’ai été passionné par l’enrichissement et la préservation de ce patrimoine botanique que nous avons la chance d’avoir en Principauté. L’un des projets particulièrement marquant, qui ne s’est fait nulle part ailleurs, est le transfert des serres du Centre botanique. Il n’y a jamais eu de déménagement d’un nombre aussi important d’espèces protégées. Je garde aussi de précieux souvenirs comme les floralies de Gênes par exemple et cette formidable émulation autour du rayonnement international du Jardin. Je suis également très heureux d’avoir connu ce chantier colossal de sécurisation puis d’embellissement du site. Le prochain défi sera l’accueil des visiteurs et l’expérience que l’on va leur faire vivre dans ce tout nouvel écrin
