Le 19 avril prochain, la Principauté célèbrera les 250 ans de la naissance de François-Joseph Bosio, talentueux sculpteur monégasque. Cette commémoration nationale associe le Palais Princier, le Gouvernement Princier, la Mairie de Monaco sous la houlette de Françoise Gamerdinger, Déléguée à la Culture, le Nouveau Musée National de Monaco et le Comité National des Traditions Monégasques autour d’un évènement où la nouvelle génération d’artistes rendra hommage à l’enfant terrible du Pays.
Une vie romanesque : entre légendes et réalité
Né le 19 mars 1768 dans la maison familiale « carrugiu d’u mitan » (aujourd’hui rue Comte Félix Gastaldi), François-Joseph Bosio se forme à l’art sculptural à Paris, puis en Italie où il s’exercera, sur le marbre de Carrare, à façonner les formes antiques au style néo-classique d’une étonnante réalité artistique. Honoré par les commandes officielles d’œuvres monumentales et historiques pour l’Empereur Napoléon, Louis XVIII, Charles X et Louis Philippe, il excellera aussi dans l’exécution de sculptures plus poétiques empreintes de la mythologie grecque. D’une nature libre et joyeuse, la vie de François-Joseph Bosio fera naître mille chimères. Son biographe, Louis Babarin, avait pourtant tenté une étude plus sérieuse en se basant sur les écrits du maître sculpteur. Distinguer le vrai du faux ? Une entreprise bien délicate quand on connaît le plaisir avec lequel l’artiste aimait à entretenir les légendes autour de cette vie pleine d’aventures. Renvoyé de l’atelier du maître Pajou, il se serait ensuite enrôlé dans un régiment irlandais, puis, après avoir déserté, s’engage dans un autre. Parcourant l’Europe en sac à dos, il se forme au gré de ses voyages et de ses rencontres. L’histoire la plus cocasse qui faisait « se pâmer de rire » l’Empereur, la voici : alors qu’il est fait prisonnier au Fort de Bard, Bosio capte la bienveillance du geôlier en façonnant le buste de sa fille… qu’il séduit et avec laquelle il s’enfuit !
Artiste hors pair, l’enfant terrible termine sa vie avec tous les honneurs : Membre de l’Institut (1818), Chevalier de Saint Michel (1821), Premier sculpteur du Roi (1822) et Baron (1828). Il fascine aujourd’hui par son étonnant parcours laissant l’empreinte éternelle de son génie de Paris à New York…
La Piaçeta Bosio
À l’initiative des membres du Comité des Traditions Locales, un hommage officiel à la mémoire du sculpteur monégasque est rendu le 25 avril 1929 en présence du Prince Louis II, Son Excellence le Ministre d’État Maurice Piette, Alexandre Noghès, Président de la Délégation spéciale communale, Léon-Honoré Labande, Conservateur des Archives du Palais, Stéphane Bosio, descendant de l’artiste et de nombreuses autres personnalités. À cette occasion, une petite place ensoleillée du Rocher, désormais baptisée « Piaçeta Bosio » accueille le buste de l’artiste qui veillera désormais sur ce lieu singulier. L’hommage est à l’image du sculpteur : léger, joyeux et coloré. Animée par un très beau discours du Conservateur des Archives du Palais qui s’appliqua à retracer sa vie rocambolesque, la célébration se poursuit par la dédicace d’un poème de Louis Notari lu par l’auteur en monégasque. Cette belle cérémonie s’achève sur les notes cuivrées du Philharmonique qui exécuta l’hymne monégasque.
En 2018, le Pavillon Bosio célèbre son sculpteur !
Chaque jour, le Pavillon Bosio, École Supérieure d’Arts Plastiques de la Ville de Monaco (ESAP), rend un hommage à François-Joseph Bosio en formant de nouvelles générations d’artistes sur sa terre natale. Pour cet anniversaire, les étudiants de 2e année préparent depuis quelques mois déjà des projets de mises en scène, dans l’objectif d’instaurer un dialogue entre l’œuvre de l’artiste et leur présent.
Pendant plus d’une semaine au Théâtre Princesse Grace, le plateau a été transformé en studio photographique. Les étudiants se sont mis en scène et photographiés avec l’œuvre de l’artiste. Ils ont choisi pour toile de fond des œuvres picturales du frère de l’artiste, Jean-François Bosio, créant ainsi des œuvres hors du temps.
Hors les murs, imprimées sur grand format, douze photographies, résultat de cet happening créatif, seront mises en lumière le long de la promenade des Jardins Saint-Martin, créant un parcours des plus inattendus du Musée Océanographique à la Cathédrale. L’accrochage sera inauguré le 19 avril par le Souverain, après qu’un hommage solennel ait été rendu à l’artiste sur la placette qui porte son nom. Ces visuels seront exposés tout au long de l’été. La suite des festivités se poursuivra à l’ESAP où la mémoire de l’artiste sera honorée de diverses manières. Un concours, lancé quelques mois auparavant, a notamment permis l’édition d’un timbre commémoratif réalisé à partir du dessin du gagnant. Les autres esquisses seront exposées et présentées aux invités. Un autre grand moment restera sans conteste la découverte d’une lecture moderne de la Nymphe Salmacis (appartenant aux collections du Nouveau Musée National de Monaco), spécialement commandée à l’artiste autrichien Oliver Laric pour l’occasion, par le NMNM, présentée en avant-première à l’ESAP. La sculpture rejoindra ensuite ses quartiers à la Villa Paloma, laissant ainsi un souvenir inaltérable de cette belle journée commémorative.
Ce projet a été réalisé avec l’aimable contribution du Gouvernement Princier, de la Direction des Affaires Culturelles, du Théâtre Princesse Grace et du Nouveau Musée National de Monaco.